Le baryton André Heyboer interprète Miller dans "Luisa Miller"
Interview
André Heyboer est baryton, il interprète Miller dans l'opéra "Luisa Miller" de Verdi, le père de Luisa. Découvrez son interview.
- Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?
Mon cursus a été à la fois conventionnel et non conventionnel. J’ai démarré au Conservatoire dans une tessiture qui était la mienne à savoir de baryton et entre temps j’ai changé de voix. Cette période qui a duré 10 ans m’a permis de chercher un autre type de voix situé au-dessus de celle où je me trouve actuellement. J’ai ensuite fait des rencontres de grands chanteurs. On peut citer Robert Massard, ou encore Juan Carlos Morales, tous deux des barytons. Il y a 15 ans, j'ai rencontré une personne fantastique en Angleterre. Celle-ci m’a permis de travailler et préparer les rôles Verdiens. Parmi les rôles Verdiens que j’ai interprétés on peut évoquer Macbeth, Nabucco, Germont, Iago... Laurent Campellone m’a proposé de jouer Miller dans cet opéra, un rôle magnifique. C’est un ouvrage qui n’est pas souvent abordé mais ce qu’il y a d'unique chez Verdi c’est qu’à travers ce qu'il nous propose nous sommes poussés à trouver ce qui est le plus juste. Il y a réellement une exigence, tout est noté dans la partition. Il y a tout un travail pour intégrer, laisser ces choses-là infuser pour que cela puisse paraître le plus naturel possible.
- Comment décririez-vous le personnage de Miller ?
Comme dans de nombreux ouvrages Verdiens, Miller représente le rôle d’un père aimant et un peu possessif. Luisa commence à rentrer dans le monde adulte et connaît les premiers émois de l’amour. Un père comme une mère sont affectés par cela mais réagissent différemment. Miller me semble être un personnage droit, il a eu une carrière dans l’armée, le sens de l’honneur. Mais il est déstabilisé par sa fille qui est à un moment de sa vie délicat, telle une fleur en train de s’ouvrir et qui quelque part lui échappe.
- Quelles sont les qualités qu’il faut avoir pour être un chanteur d’opéras pour interpréter différents rôles ?
Je pense qu’il faut être très à l’écoute et très ouvert sur tout ce qui est proposé musicalement et scéniquement. Il faut être souple sans pour autant perdre sa colonne vertébrale, c’est à la fois porteur et difficile, nous passons de l’état de chrysalide à celui de la sortie du cocon. C’est ça qui fait le charme de ce métier ; l'impermanence de fait.
- Vous répétez depuis deux semaines, comment se passe la collaboration avec les autres chanteurs ?
On se découvre à la première musicale et c’est un moment où la musique nous réunit, on est tout de suite amené à rencontrer l’autre au travers d’un langage universel. J’avais déjà travaillé avec des chanteurs que je retrouve ici comme Julien Véronèse. C’est en revanche la première fois que je travaille avec Cristina Giannelli ou encore Anthony Ciaramitaro, qui sont des chanteurs magnifiques. C’est formidable !
- Au niveau de vos projets qu’est-ce qui vous attend après cet opéra qui sera donné à Tours en mars prochain ?
J’enchaîne avec deux prises de rôle qui vont avoir lieu immédiatement après cette production. J’interpréterai Scarpa dans Tosca à Avignon. C’est un rôle magnifique tant sur le plan théâtral que sur le plan vocal. Au niveau de la complexité des personnages, il y énormément à faire et cela demande un travail de maturation et de maturité. Ensuite, j’irai interpréter Carlo dans Ernani, un autre opéra de Verdi, cela sera durant l’été. C’est un rôle magnifique et exigeant. Il y a des phrasés tout simplement incroyables.