« Sous mes pieds, sur ma tête et partout, le silence,
Le silence qui fait qu'on voudrait se sauver,
Le silence éternel et la montagne immense,
Car l'air est immobile et tout semble rêver. »
Charles Baudelaire, Incompatibilité (1869)

LE JOUR ET LA NUIT

Redonner la parole aux enfants : c’est toute l’ambition de la mise en scène proposée par Éric Vigié, qui souhaite retrouver la perspective juvénile des personnages. Les jeunes gens ont bien besoin d’être entendus : Pamina, chargée d’un lourd fardeau par sa mère la Reine de la Nuit, est prisonnière du prêtre Sarastro tandis que Tamino est contraint de la délivrer. Dans cette quête de liberté, qui devient aussi un cheminement spirituel, les protagonistes seront secondés par d’autres figures enfantines, versées dans la science des instruments magiques. Ce conte égyptien est le dernier opéra composé par Mozart, qui revient à l’allemand avec une série d’airs virtuoses devenus légendaires… comme ses personnages ? Les trois accords initiaux contiennent déjà l’ambiguïté de l’œuvre : nous sommes bien aux côtés des enfants, mais leur initiation aura des suites qu’ils ne soupçonnent pas.